L’objet du mois : Faïences et porcelaines, qu’est-ce qui fait la différence ?

La faïence

La faïence est une céramique à pâte argileuse tendre et poreuse rendue imperméable par un vernis adapté, qui fut d’abord à base de plomb (transparent), puis à base d’étain. Ce second vernis est appelé stannifère, il est opaque et donne à la faïence son aspect blanc et brillant.

La faïence fait partie des techniques de céramique connues depuis la plus haute antiquité. Elle connait un grand succès en Europe occidentale dans la première partie du XIVème siècle, le mot faïence vient d’ailleurs de la ville de Faenza en Italie, déjà active au XIIème siècle, où ont été réalisés des chefs d’œuvre de majolique aux motifs antiquisants qui l’ont rendue célèbre.

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Faïences de Sarreguemines

La couleur des terres utilisées indique la provenance des faïences. Pour la France, les terres quasiment blanches, à peine teintées, viennent de Vendée ; les terres jaunes du Beauvaisis ; les ocres rouges et les rouges viennent de l’Est. Les couleurs des terres sont visibles au dos des pièces, aux points d’adhérence sur les supports de cuisson, ou si par malheur il y a un éclat. En France, beaucoup de manufactures de faïence importantes se sont développées : Nevers, Rouen, Strasbourg, Moustiers, Marseille, Creil-Montereau… Chacune s’identifie par le type de décor et les couleurs employées, ainsi que par leur marque bien sûr !

De la faïence à la porcelaine : les recherches européennes

La porcelaine est une céramique dure dont le composant essentiel est le kaolin, une argile très blanche mélangée à du feldspath, composant se vitrifiant à très haute température. Elle est découverte en Chine autour du VIème siècle, introduite au Japon au XVIème siècle, et en Europe seulement au XVIIIème siècle ! Car même si les voyages en

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Faïence de Delft dans le goût des porcelaines chinoises

Orient font connaitre la porcelaine aux européens qui la convoitent, son secret de fabrication est bien gardé et les manufactures peinent à la reproduire…

Devant le succès des porcelaines de Chine importées en Europe, notamment par la Compagnie des Indes, des manufactures de faïence copiant les porcelaines tant aimées ouvrent en Hollande, notamment à Delft.

Mais le grand défi pour les manufactures de faïence européennes est de percer le mystère de la porcelaine pour pouvoir créer les leur. De nombreuses expériences sont menées au début du XVIIIème siècle, mais on ne connait pas encore le kaolin !

La manufacture de Vincennes, qui deviendra par la suite manufacture de Sèvres, finit par aboutir à une « porcelaine tendre » dont la composition se rapproche de celle du verre, mais qui ne peut être cuite à haute température et dont l’émail se raye facilement. Nous avons donc une pâte blanche et fine, mais qui n’a pas encore les qualités thermiques et résistantes des porcelaines chinoises. Pour un autre exemple, la manufacture de Minton en Angleterre arrive également à une formule de porcelaine tendre par l’adjonction de poussière d’os, qui rend la pâte blanche.

La découverte de la porcelaine dure en Europe

Le Père d’Entrecolles, un jésuite qui était en poste à Jingdezhen en Chine (grand centre porcelainier), rapporte en France la première description du processus de fabrication des porcelaines chinoises et les premiers échantillons de kaolin en 1712, permettant de grandes avancées dans les recherches des céramistes pour obtenir enfin cette pâte dure et blanche tant prisée.

Mais si les premiers gisements de kaolin ont été découverts en 1709 en Saxe, près de

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Porcelaine de Minton (Angleterre)

Meissen, ce n’est qu’en 1768 que ceux de Saint-Yrieix-la-Perche (au sud de Limoges) sont dénichés, permettant enfin de reproduire en France la porcelaine dure.

A partir de ces différentes découvertes, des manufactures de porcelaine dure sont créées un peu partout en Europe au milieu du XVIIIème siècle : d’abord en Saxe où ont été découverts les premiers gisements avec la manufacture de Meissen, puis en Allemagne, et enfin dans le reste de l’Europe. On peut citer parmi les plus célèbres Minton en Angleterre, la manufacture royale de Copenhague au Danemark, et bien sûr Sèvres et Limoges en France. Là commence la production des belles porcelaines européennes qui suscitent encore aujourd’hui l’engouement des amateurs !

Anecdote ! Le mot porcelaine vient de l’italien porcellana, qui siginifie « petite truie ». Marco Polo aurait employé ce mot au XIIIème siècle face aux porcelaines chinoises par comparaison avec un coquillage, le Cypraea, dont les italiens pensaient qu’il entrait dans la composition de la porcelaine, et qui ressemble à une vulve de truie.

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