Zoom sur : Une plaque d’impression pour cartes à jouer !

 

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Nous avons chiné récemment cette plaque d’impression en cuivre pour des cartes à jouer, l’occasion pour moi d’explorer un peu l’histoire de ce jeu et de vous la faire partager !

Un peu d’histoire….

Les plus anciennes cartes à jouer connues sont d’origine chinoise et sont apparues durant la dynastie Tang (618-907). Au début, il semble que ces cartes étaient utilisées pour des pratiques divinatoires.

Pour l’Europe la présence de cartes à jouer est attestée en Catalogne en 1371, probablement importées du monde musulman. Au début, le fabricant de cartes est appelé « tailleur d’histoires », « tailleur de molles de cartes » ou « fayseur de cartes à jouer ». Au milieu du XVIème siècle, « cartier » devient le nom de la profession.

A l’origine, le dos des cartes était laissé blanc (sauf jeux de tarot), ce qui permettait d’utiliser les cartes usagées pour envoyer des messages, noter des maximes, des notes de musique, des RDV, s’en servir comme carte de visite…. Ce sont les américains qui innovent au XIXème siècle en y imprimant des publicités, puis des gravures ou autres motifs.

Les enseignes françaises (trèfle, carreau, cœur et pique), devenues standard aujourd’hui, sont introduites par les cartiers français à la fin du XVème siècle pour avoir une reproduction plus facile à moindre coût de fabrication. C’est également le modèle français qui s’est imposé à travers le monde pour les noms des figures dès le XVème siècle :

  • Rois : Charles, César, Alexandre, David
  • Dames : Judith, Ragnelle, Argine, Pallas
  • Valets : Lahire, Hector, Lancelot, Ogier

C’est la différence de noms constatée sur notre plaque d’impression qui m’a permis d’identifier précisément le jeu qu’elle servait à fabriquer !

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Les cartes historiques Houbigant

Fils du parfumeur Jean-François Houbigant, Gustave Houbigant (1790-1863) évolue dans un milieu raffiné et proche de l’art. Archéologue passionné, féru d’histoire, pratiquant l’aquarelle, le dessin et la gravure, il aurait composé ses séries de cartes historiques suite à un pari avec des amis pour les faire « jouer avec des cartes autres que celles usitées et que tout le monde trouvait hideuses« .

Il se fait donc cartier et grave lui-même le premier jeu à l’aquatinte en 1816. Suit une 2ème édition en 1817, dessinée par Pierre-Nolasque Bergeret (1782-1863) et gravée par Jean-Louis Paquet (1759-vers 1824), et enfin une 3ème édition mise en vente en 1818.

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Cartes historiques Houbigant, 2e édition, 1817. Gravure. – Source : Gallica-BNF

Les différences entre les trois éditions permettent d’identifier précisément à laquelle appartient notre plaque : Il s’agit de la deuxième édition de 1817 dessinée par Bergeret. En effet dans la première, le valet de cœur était Sully, remplacé par Crillon dans la deuxième. Dans la troisième, le bouclier de Roland (valet de pique) porte la signature d’Houbigant, Hersent et Bergeret ainsi que la date de septembre 1818, alors que sur notre plaque il n’y a pas d’inscription. Enfin, une comparaison carte par carte avec une gravure conservée à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) confirme bien qu’il s’agit de la deuxième édition.

En raison du peu de succès des séries inventées par Houbigant, il doit rapidement renoncer à son entreprise devant les difficultés financières. L’aventure aura duré trois ans et nous aura permis d’en apprendre plus dans le domaine des cartes à jouer !

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